Deux mois après son élection à la tête de l’Association des comités nationaux olympiques africains (ACNOA), le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, revient sur ces élections, tout en commentant l’actualité sportive en ce début de l’année 2019.
L’Expression: Avec du recul, que pouvez-vous nous dire sur votre élection à la présidence de l’ACNOA?
Mustapha Berraf: Je suis très honoré de la confiance que le mouvement olympique africain a placé en moi et surtout très fier d’être un Algérien à la tête de cette auguste organisation internationale.Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de cette noble tâche, tant dans mon pays que dans mon continent africain.
Les «États généraux du sport algérien» viennent de se tenir, quel est votre commentaire sur cette initiative?
Nous considérons cette initiative du ministère de la Jeunesse et des Sports, placée sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur le président de la République, comme une action salvatrice en direction du sport algérien. Elle va permettre de faire une évaluation objective de la situation, identifier les potentialités et mettre en place les leviers qui permettront de définir une nouvelle stratégie à même de réussir une transition du passage de l’amateurisme simulé actuel, à un professionnalisme productif et d’intérêt général. D’ailleurs, il faut bien retenir la participation du COA qui est réelle et bien pratique, de par le nombre de ses experts, et surtout sa vision éclairée en rapport avec les nouvelles exigences du sport mondial. Cet événement peut constituer un tournant pour le sport algérien.
Quels seraient vos commentaires sur certains fléaux qui minent le sport algérien?
Je suppose que vous faites allusion à la violence, la corruption et le dopage qui sont des fléaux que l’on rencontre dans le monde entier et pour lesquels, le COA s’est déjà, et à maintes reprises, prononcé.
Effectivement…
Il s’agit pour nous de mener une lutte implacable et de collaborer avec toute l’intransigeance nécessaire avec les autorités compétentes pour éradiquer ces fléaux. Je parlerais même d’une lutte impitoyable contre la corruption et la violence. Le dopage faisant lui, l’objet plutôt d’une réflexion et d’une batterie de mesures intelligentes et scientifiques que les pouvoirs publics et le mouvement olympique ont mis en oeuvre, mais qui nécessitent davantage de moyens. Dans tous les cas, les tricheurs finissent toujours par être débusqués.
Pensez-vous que le sport algérien dispose de moyens pouvant lui permettre de réussir?
Sincèrement oui, de par sa composante humaine d’abord, tant par ses potentiels en athlètes, que par ses techniciens et leurs expertises. Il existe malheureusement encore certains dysfonctionnements qui n’arrangent pas les choses. C’est pourquoi nous pensons que ces rencontres sur les états généraux du sport viennent à point nommé, pour régler et optimiser ces problèmes récurrents. Nous espérons que le mouvement sportif algérien saura surpasser ses entraves et aller de l’avant. Je suis optimiste, car on dénote actuellement une sérénité et une harmonie dans le sport algérien qui peuvent aider au développement et à l’acquisition de meilleurs résultats. Les derniers Jeux africains et olympiques de la jeunesse ont démontré qu’il existe en Algérie de réels potentiels.
Que diriez-vous du financement du sport dans notre pays?
C’est une problématique assez épineuse, car le football de par sa notoriété et son aura, engrange la quasi-totalité des moyens financiers des fonds de wilayas et ceux des communes, ne laissant qu’une infime partie aux autres disciplines qui, parfois, apportent plus de résultats. Néanmoins, le spectacle apporté par le football et l’engouement de la population explique cette différence. J’estime d’ailleurs, que les autres disciplines, doivent elles aussi bénéficier de moyens, en rapport avec leurs politiques de la part des autorités locales. Les conseils généraux de France par exemple, subventionnent à 90% le sport, au plan local et en particulier les disciplines porteuses. En Algérie, beaucoup de choses restent à parfaire.
Pensez-vous réellement que votre élection à la présidence de l’ACNOA va être positive pour le sport africain?
Mon élection à la tête de l’ACNOA à permis de lever certaines équivoques et surtout de remettre de l’ordre dans la grande maison du sport africain, car de nombreuses perturbations avaient été enregistrées auparavant. La remise en cause de l’élection de mon prédécesseur, le général Palenfo, a donné lieu à de nombreuses turbulences et même si son intégrité et son honnêteté n’ont jamais été remises en cause ni par moi ni par mes pairs, il faut bien reconnaître que son modèle de gestion, par contre lui a valu quelques inimitiés. Il reste un dirigeant d’envergure qui s’est dépensé sans compter pour le continent. Ma vision et mon programme, même s’ils s’inspirent d’une certaine continuité, s’accompagnent d’un pragmatisme plus en rapport avec les réalités et les exigences du sport mondial.
Les premières mesures prises, pendant l’intérim, l’année passée ont permis d’économiser près de 500.000 USD et les athlètes en ont été les grands bénéficiaires. De plus, le retour au partenariat avec l’Union africaine est notre plus grande réussite.
Par ailleurs, d’autres actions sont en train de voir le jour et attendent d’être concrétisées à court et moyen terme. Nous avons, mon équipe et moi, la ferme intention de relever le défi et relancer une grande harmonie entre tous les acteurs du sport africain.
Une académie de judo est annoncée en Algérie pour bientôt, que pouvons-nous retenir de cette initiative?
Oui, elle aura lieu sous l’égide de la Fédération internationale du judo et du Comité olympique algérien. La particularité de cette initiative est qu’elle verra le jour dans notre pays à Beni Douala, en Kabylie à quelques kilomètres de la ville de Tizi Ouzou, mais il y aurait aussi une autre académie, toujours en Kabylie, mais cette fois-ci,aux Ouadhias. Sachez que cette initiative n’est pas propre à nous, puisqu’elle s’est distinguée dans tous les pays développés…j’ajouterai que cette naissance profitera aux élèves du primaire et du moyen. Ils bénéficieront dès leurs jeunes âges, des valeurs sportives, et seront les principaux ambassadeurs de cette culture. Et ce sera eux qui prendront en charge la formation pour ne pas dire l’éducation de la génération montante.
On vous laisse conclure ce bref entretien:
Nous croyons en nos valeurs, et nous feront tout pour que le sport soit protégé de ceux qui veulent le détourner de ses objectifs. Il est aussi vrai que la mission principale est l’affaire de tout le monde. A nous de nous mobiliser.